Message oecuménique de Pâquescosigné parMgr Luc Ravel, Archevêque de Strasbourg et Christian Albecker, Président de l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine. |
« Grain de blé qui tombe en terre,
Si tu ne meurs pas,
Tu resteras solitaire,
Ne germeras pas »
Les paroles de ce chant de la communauté œcuménique du Chemin Neuf sont directement empruntées à l'évangile de Jean (chapitre 12 verset 24) où Jésus déclare : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » À partir d'une image de la vie quotidienne tirée de l'agriculture, Jésus annonce sa mort et sa résurrection et nous invite à entrer avec lui dans ce même mouvement. La germination est un processus long et complexe qui fait se succéder la vie, la mort et enfin la vie nouvelle. En effet, le grain de blé se nourrit, à côté d'autres grains de l'épi, de la sève du plant qui le porte : durant notre vie, nous sommes nourris de tout ce que nos parents, nos éducateurs, nos pasteurs, nos prêtres ou nos amis nous transmettent. Nous accumulons des trésors de connaissances, d'expériences, de relations - mais aussi des poids de souffrances ou de frustration - qui font de nous un grain de blé, un grain parmi d'autres, et en même temps un grain unique.
La foi chrétienne - et en cela elle est différente de beaucoup de religions - nous dit que ce processus n'est pas continument ascensionnel (la montée vers Dieu ou la réalisation de soi) mais que, pour monter vers la vie, il faut d'abord descendre vers la mort, accepter la perte et le renoncement de nos acquis. Comme le grain qui tombe dans la nuit de la terre. Comme le Christ en croix le jour du vendredi saint. Mais ce que nous sommes, ce qui nous a été donné et qui nous a permis de nous construire, n'est pas perdu ni anéanti : alors qu'apparemment tout disparaît dans le délitement de la terre, le germe de la plante nouvelle s'alimente de ces réserves, et une plante nouvelle, un nouveau vivant naît et se développe.
C'est cela, la bonne nouvelle de la résurrection ! L'image du grain de blé qui meurt nous dit que notre vie terrestre est appelée à disparaître dans la mort, mais elle est absorbée dans la vie nouvelle qui germe. C'est à la fois la même plante, et une tout autre plante. Comme le Christ ressuscité portait les signes des clous et de la lance, la vie nouvelle qui nous est promise portera les traces de ce que nous sommes et avons vécu, mais d'une manière entièrement nouvelle.
Puissent ces fêtes de Pâques nous permettre d'approfondir cette bonne nouvelle apparemment si paradoxale, dans la confiance au Christ qui nous a ouvert le chemin !
Joyeuses Pâques à toutes et à tous !
+ Mgr Luc Ravel, Archevêque de Strasbourg
Christian Albecker, Président de l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine