Bien sûr : ce que nous vivons en Église est important, voire essentiel. Et nous savons bien au Bouclier combien les cultes, les repas, les randonnées, les débats, la danse, les camps, les rencontres, nos présences réelles … donnent corps à la vie communautaire.
Faut-il pour autant protester contre l’interdiction temporaire des cultes publics et demander une « exception » ? Non, quatre fois non :
- d’abord, soyons sérieux : nous ne sommes pas au XVIIème siècle, avec l’étouffement puis l’interdiction du culte, et les dragons du Roi dans nos chaumières ! Et nous ne sommes ni sous les bombardements en Syrie, ni dans une barque de migrants en Méditerranée, ni dans un village massacré au Mali. Notre République laïque garantit la liberté de culte et demande à tous d’être responsables dans notre pays en paix ; il n’y a pas de droits sans devoirs, pas de liberté sans interdépendance ;
- or les chrétiens, notamment de notre tradition protestante huguenote, ont toujours été « plus royalistes que le roi », en montrant l’exemple et en étant concitoyens solidaires de tous, et non pas en demandant un « régime à part ». Ceci dit, notre loyauté de protestants n’exclut pas la critique, comme questionner ce jacobinisme monarchique qui décide pour 67 millions de gens infantilisés ; mais c’est parce que nous sommes loyaux et solidaires que notre parole peut avoir du poids ;
- par ailleurs, notre ADN de protestants se caractérise justement par le fait que notre témoignage et notre vie d’Eglise sont en résonance avec les événements, avec les « crises » et il s’adapte, et se réforme et se renouvelle par, grâce et au cœur de la vie ; la pratique précède la théorie, les expériences forgent les opinions, les expérimentations précèdent et construisent les réflexions ; expérimenter, innover, anticiper, renouveler, réformer c’est notre ADN ;
- enfin, faut-il rappeler que notre culte est d’abord spirituel : « … ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père … mais en esprit et en vérité » (Jean 4, 21-23). Rien ne saurait enclore Dieu ni le restreindre à des lieux ou à des pratiques ou encore à un clergé ; Dieu se trouve au-delà de tout ce que nous pourrions toucher, imaginer, représenter, penser ! Le protestantisme est fondé sur une spiritualité de l’écoute et de la Parole. Cela ne nous empêche pas d’imaginer et de mettre en place des moyens techniques adaptés, renouvelés (et on a encore des marges de progressions) pour vivre ce « en vérité et en esprit » mais nous restons en communion, en lien, d’abord par l’Esprit de Dieu.
Nos protestations et nos engagements seront en faveur de l’accompagnement des malades, le soutien aux responsables, l’attention « à l’étranger, la veuve et l’orphelin ».
Bien fraternellement,
Pasteurs Pierre Magne de la Croix et Fabian Clavairoly