« Sois courageux, sois fort, fais tout avec cœur ! »
1 Cor.16,13-14
Trois encouragements pour le 39e Kirchentag à Hanovre.
Je retiendrai de ces 5 jours
D’abord ces multiples rencontres, plus de 1500 manifestations à la fois cultuelles, culturelles, sociétales et politiques : musiques, cultes, podiums, débats, sports, danses, repas, repos, ateliers, jeux, prières, films… parfois pour 15 personnes, parfois pour 15.000 ! J’aime lorsque 3 à 4000 personnes se retrouvent pour chanter des chants connus parce que cela est heureux et fort de chanter ensemble. J’apprécie aussi de pouvoir échanger dans le métro à 2 ou 3 personnes. De jeunes scouts participent parce qu’ils sont responsabilisés : ils doivent assurer la sécurité et la bonne tenue d’une étude biblique ou d’un débat avec 600 à 800 personnes dans une église ; responsabilisés, ils ont alors une place et grandissent. J’aime aussi écouter un orchestre de cuivre où joue un petit garçon très jeune à côté d’une personne bien âgée sans impératif de niveaux, seulement que chaque personne ait une place. Et à la tombée de la nuit, place de l’Opéra, quand plus de 25 000 personnes de toutes générations s’unissent dans la prière du soir et chantent une bougie allumée à la main.
Les podiums offrent de nombreux temps de dialogues et de débats. Si toutes les thématiques étaient présentes, le changement climatique a semblé éclipsé par la critique du « trumpisme », et la guerre en Ukraine par le conflit au Proche-Orient. Et pour une personne française il est toujours fort d’entendre Frank-Walter Steinmeier, Président de la République Fédéral, ouvrir le Kirchentag et inviter les protestants « à débattre ensemble, à se donner du courage et à trouver des nouveaux chemins … Si le Kirchentag n’existait pas, il faudrait l’inventer » rappelant que l’initiative a été portée en 1949 à Hanovre par des protestants qui s’étaient levés contre le national-socialisme, à l’image du théologien Dietrich Bonhoeffer, assassiné sur ordre d’Hitler il y a quatre-vingt ans.
Le maire de Hanovre, Belit Onay, d’origine turque a animé une étude biblique sur Jérémie (chapitre 29) qui s’adresse à des exilés en leur écrivant : « Construisez des maisons pour vous y installer ; plantez des jardins pour vous nourrir de ce qu’ils produiront … Cherchez à rendre prospère la ville où le Seigneur vous a fait exiler, et priez-le pour elle, car votre prospérité dépend de la sienne ».
Ont participé aussi le chancelier Olaf Scholz, l’ancienne chancelière Angela Merkel (« … se taire n’est pas chrétien »), la présidente du Parlement fédéral, des dirigeants d’entreprises, des représentants politiques (l’AFD deuxième formation au Bundestag, classée à l’extrême-droite exceptée).
Mais c’est Mariann Budde, évêque épiscopalienne de Washington DC, qui sera ovationnée : Regardez son intervention
C’est elle qui avait osé s’opposer au discours d’investiture de Donald Trump, prêchant pour « l’étranger, la veuve et l’orphelin » Visionnez sa prédication
« Vous n’avez dit que ce que dit la Bible et cela a eu un tel pouvoir », a souligné le président du Conseil œcuménique des Églises, Heinrich Bedford-Strohm, ancien président de l’Église protestante d’Allemagne. Par une parole forte, courageuse et simple, sur un ton posé, au nom de sa foi, cette femme tient tête aux puissants.
Enfin, le Kirchentag cherche à promouvoir non pas tant le « quoi faire » que le « comment » ; le marché des possibilités (Markt der Möglichkeiten) – et non pas le marché des « idées » – propose des centaines d’initiatives, de projets locaux, d’ateliers pour mettre en pratique. Ce dont nous avons besoin n’est pas dans les grandes idées, ou des idées neuves, géniales, étonnantes, ou de nouvelles structures, mais nous avons besoin de mettre simplement en pratique, de cultiver, d’entretenir, de développer, d’amplifier ce que nous sommes. De la plomberie, du bon sens de praticiens, des plombiers qualifiés.
En cela l’atelier Lego a eu du succès : autour de plusieurs tables, des gens – et pas que des enfants – ont joué à construire l’Église, la ville, le quartier et par le jeu ont échangé, fait connaissance, et construit ce qui est important.
« La foi, la théologie naissent quand l’Église fait face à de nouvelles questions parce qu’elle est capable de s’exposer »
Margot Kässmann