6 avril 2022

Accueil des réfugiés

Que sont les couloirs humanitaires ?

Trois familles du Moyen-Orient sont arrivées en France, début avril 2019, pour rejoindre 3 collectifs de bénévoles alsaciens. Comment les familles sont-elles identifiées pour bénéficier du projet Couloirs Humanitaires ? Comment s’organise leur venue et leur arrivée en France ?

Samedi 6 avril 2019, après un voyage en avion et une nuit passée à Paris chez des hôtes bénévoles, trois familles sont arrivées en gare de Strasbourg pour rejoindre différents lieux d’hébergement en Alsace.

Ces familles, d’abord réfugiées au Liban après avoir quitté leur pays en guerre, étaient candidates à la relocalisation via le protocole des Couloirs Humanitaires porté par la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP), le Secours catholique, Saint Egidio, la Conférence des Évêques de France et la Fédération protestante de France. Avant de pouvoir partir, les familles vivent en général plusieurs années dans les camps de réfugiés au Liban, certaines dans des appartements précaires, d’autres dans des abris de fortune. Elles y rencontrent différentes ONG* et associations qui référencent leur situation et leurs vulnérabilités. Pour les familles qui souhaitent quitter le Liban et intégrer le programme des Couloirs Humanitaires, leur situation doit correspondre à des critères définis dans le cadre du protocole signé avec le Ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires étrangères, à savoir :

  • la nationalité : syrienne, irakienne, palestinienne ;
  • avoir droit, à première vue et selon l’UNHCR*, à une protection internationale ;
  • condition de vulnérabilité liée à leur situation personnelle, leur âge ou leur santé (à titre d’exemples : familles présentant des situations spécifiques, femme seule avec enfants, personnes âgées, personnes handicapées ou atteintes de maladie) ;
  • sont également pris en compte les liens familiaux ou sociaux déjà établis dans le pays d’accueil.

Pour la réalisation du projet des Couloirs Humanitaires, une équipe de plusieurs professionnels, médiateurs culturels et travailleurs sociaux, a été constituée au Liban. En lien avec les ONG sur place, les membres de l’équipe rencontrent les familles, constituent avec elles le dossier de demande de visa au consulat et préparent avec elles leur départ durant plusieurs mois.

L’équipe est en contact régulier avec la plateforme pour l’accueil des réfugiés de la FEP et les plateformes en région afin de pouvoir faire le lien entre les familles à venir et les collectifs citoyens d’accueil. À ce jour, la FEP compte 4 plateformes en région : une en Alsace-Lorraine-Franche Comté, une en Auvergne-Rhône-Alpes-Bourgogne, une pour l’Arc Méditerranéen et une pour le Sud-Ouest.

C’est une famille syrienne de cinq personnes que le collectif de l’association « Eclore » a accueilli sur le quai de la gare à Strasbourg le 6 avril dernier. Un couple de parents et leurs trois enfants vont occuper une maison mise à disposition à Weiler-Wissembourg. Syriens, ils sont originaires de Damas et occupaient tous les cinq un logement 1 pièce au Liban depuis 2012. Monsieur effectuait des travaux dans le bâtiment au Liban tandis que Madame était aide à domicile.

Pour l’association Eclore, « L’important est d’accueillir pour mener vers une adaptation au pays. Ces accueils ouvrent l’horizon. Travailler avec les réfugiés nous rappelle le privilège que nous avons de vivre en France. Il faut être reconnaissant et partager. »

L’association « ARDAH »* a quant à elle accueilli une famille syrienne de trois personnes, un jeune couple et un nourrisson, qui occupent un appartement mis à disposition à Haguenau. Originaires d’Alep, ils étaient étudiants en Syrie. Au Liban, Monsieur effectuait des petits travaux de peintre en bâtiment.

Enfin, un collectif de bénévoles, constitué à l’initiative des sœurs des Diaconesses à Strasbourg, devait accueillir une famille irakienne de sept personnes adultes. Seulement trois d’entre elles ont pu voyager car leur grand-mère, âgée, n’a pas pu se joindre à elles en raison de sa situation de santé. Lorsque son état se sera amélioré, le reste de la famille pourra suivre. Une fois la famille au complet, il est prévu qu’elle occupe deux chambres de l’établissement des Diaconesses ainsi qu’un appartement mis à disposition à Strasbourg. La situation de santé de plusieurs membres de cette famille nécessite un accès aux soins dès leur arrivée en France.

Sur ces 3 lieux d’accueil, plusieurs bénévoles sont organisés pour se répartir les tâches au fur et à mesure. Ils se rencontrent régulièrement.

« Lors de nos réunions, chacun fait part de l’évolution de la situation de la famille, des besoins rencontrés. Une fois la liste établie, nous essayons de nous répartir au mieux les tâches allant d’une aide concrète pour régler le chauffage ou la pose d’une ampoule par exemple, à l’accompagnement dans les nombreuses démarches administratives, au soutien scolaire et à la relation avec les enseignants, aux besoins de traduction… En fonction des compétences de chacun, du temps disponible, nous essayons au mieux d’accompagner la famille. Dès que cela est possible nous laissons la famille effectuer les démarches et l’encourageons petit à petit à les faire elle-même. Nous nous relayons en fonction de nos disponibilités pour pallier aux urgences, aux démarches du quotidien, à la construction de leurs projets d’avenir… Il est important pour nous de mettre la famille en lien au plus vite avec les professionnels compétents du secteur (assistante sociale, mairie, écoles, médecins…) »

La majorité des personnes arrivées en avril ne parlent qu’arabe, c’est pourquoi la présence de personnes arabophones est la bienvenue au sein de chacun des collectifs. À Wissembourg et à Haguenau, ce sont les personnes accueillies précédemment qui viennent prêter mains fortes. À Strasbourg, ce sont des nouveaux bénévoles investis avec la FEP qui interviennent ponctuellement pour de l’interprétariat.

« Ce qui est important pour nous en tant que collectif est que les personnes que nous rencontrons se sentent accueillies. Qu’elles puissent pendant un temps se poser, souffler après les nombreuses épreuves traversées en étant assurées d’avoir un abri pour elles et leur famille. Ensuite, elles pourront peu à peu s’intégrer en apprenant la langue, en découvrant notre culture, nos habitudes de vie, le fonctionnement de notre société. »

*Organisation Non Gouvernementale

*Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

*Accueil de Réfugiés et Demandeurs d’Asile à Haguenau

Témoignage cité de Nathalie Hege, membre de l’association « Eclore » à Wissembourg (67) constituée de bénévoles engagés dans l’accueil de familles réfugiées.

© FEP, 2018