Chaque année, l’ensemble des ministres de l’UEPAL se retrouvent pour une pastorale générale. L’occasion d’échanges, de rencontres et de discussions.
Cette année, la théologienne et bibliste Anne Soupa était l’invitée d’honneur. Elle s’est exprimée sur le « Christianisme au service d’un monde bouleversé ». Dans un monde en quête de repères, souvent traversé par les peurs et les replis, sa parole a résonné comme un appel : celui de revenir à l’essence vivifiante de la foi chrétienne.
Identités figées ou chemin vivant ?
Anne Soupa a commencé par mettre en lumière le danger d’un christianisme devenu identitaire, replié sur lui-même, qui s’attache davantage à l’institution ecclésiale qu’au Christ vivant. Dans une société traversée par les tensions, elle a dénoncé une tentation de l’entre-soi : celle de brandir des bannières chrétiennes non comme signes d’ouverture, mais comme remparts contre l’autre.
Quand la foi devient une affaire de frontières plutôt que de fraternité, elle perd sa puissance de témoignage.
La peur de croire : entre sclérose et perte de sens
Dans cette dynamique, les « scléroses » guettent : pratiques figées, obsession de la pureté doctrinale, attachement aux formes plus qu’à la source. Pour Anne Soupa, il ne s’agit pas de nier l’importance des traditions, mais de rappeler que la vérité chrétienne ne se fige pas : elle se vit dans la relation.
« Le Christ est dehors, là où il y a de la vie », affirme-t-elle. C’est en rejoignant ce mouvement de vie que l’Évangile retrouve sa force.
Elle note également une réduction du « croyable disponible » dans un monde où les découvertes scientifiques ont déplacé les certitudes. Mais croire n’a jamais été affaire de preuve. « Si je crois, c’est que croire me rend vivante », dit-elle. La foi est d’abord une expérience intérieure, une source de joie et de confiance.
Une parole à refonder
Face à ces défis, Anne Soupa ne se résigne pas. Elle appelle à une refondation du témoignage chrétien, non pas en réponse défensive à la société, mais dans un mouvement de don, d’accueil et de service.
Le christianisme, dit-elle, est une injonction à aimer. La croix, loin d’être un symbole figé, est un « réservoir inépuisable de sens ». Elle enseigne le don sans retour, le refus de l’exclusion, la réconciliation. Elle rappelle que chaque être humain, y compris le plus marginalisé, a sa place dans la communauté.
Ce message de la croix engage les croyants à prendre soin du lointain, à ne jamais renoncer à l’horizon d’une humanité réconciliée. Pour cela, il faut retrouver une parole vivante, personnelle, incarnée. Une parole qui témoigne de ce que le Christ change dans nos vies, et dans notre manière d’habiter le monde.
« Tu as du prix à mes yeux »
« Avons-nous peur que le christianisme disparaisse ? » demande Anne Soupa en écho aux inquiétudes de notre époque. Elle invite chacun à fortifier le lieu intérieur de l’expérience d’être aimé inconditionnellement par Dieu. Cette certitude profonde – « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » – est le socle d’une vie chrétienne authentique, joyeuse, confiante.
Car il y a un bonheur à être chrétien. Et ce bonheur, il ne peut se vivre qu’en se mettant en mouvement, tendu vers le service, dans une parole qui libère et dans des actes qui parlent plus fort que les doctrines.
L’importance du témoignage
Anne Soupa soutient que la parole personnelle est féconde. « Le témoigage devient la pièce maîtresse du christianisme ».
Ainsi, la bibliste a créé l’association Chez Re-née pour recueillir des témoignages de chrétiens, « pour une renaissance du christianisme »
À travers une parole claire, accessible et nourrie par l’Évangile, Anne Soupa nous rappelle que le témoignage chrétien n’est pas un vestige à défendre, mais une source vive à partager.
Pour des raisons techniques, nous ne pouvons diffuser l’enregistrement vidéo de la conférence. Merci de votre compréhension.