17 mars 2021

Beethoven – 4e concerto pour piano, 2e mouvement

Dans le cadre des Parenthèses de Carême, pour cheminer ensemble vers Pâques...

Le 4e concerto pour piano s’inscrit dans une période sombre pour Beethoven, la surdité quasi complète le plongeant dans un isolement angoissant. L’œuvre magistrale est créée à Vienne en décembre 1808 en même temps que la 5e et la 6e symphonie. Dans un élan créatif saisissant, l’homme est prêt à se battre contre ce destin qui s’acharne contre lui. Le second mouvement Andante con moto illustre de façon éloquente cette lutte qui a pu déchirer le compositeur, ballotté entre espoir et désespoir.

Le thème de l’orchestre est cité en premier : grave, pointé, il en impose par sa détermination, voire sa brutalité. Dans l’univers de Beethoven, il pourrait exprimer l’implacable force du destin, intransigeant et catégorique. Le piano répond dans un autre langage, rêveur, quasi improvisé et sur un autre ton, d’une indicible douceur. Le chant du piano est incompatible avec les accents péremptoires de l’orchestre, comme s’il se projetait dans un avenir éthéré pour tenter d’échapper à la cruelle réalité constamment rappelée par les cordes orchestrales.

Ce dialogue de sourds (un comble pour Beethoven !) semble vouloir se poursuivre tout au long de la pièce. Mais peu à peu, l’orchestre perd de sa superbe et le thème « dur » se délite peu à peu (à partir de 22:50) ouvrant un espace où le piano va s’épanouir dans une belle cadence. Comme une renaissance, comme un printemps qui voit germer la graine enfouie en terre durant l’hiver.

Pour les personnes souhaitant prolonger l’écoute, un Rondo vivace libérateur arrive tel le printemps : souriant, débordant d’énergie et de malice, illustration d’une magnifique résilience.

À écouter, à voir :

Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n°4 par Elisabeth Leonskaja et l’Orchestre philharmonique de Radio France

 

Photo Sophie Letsch