6 décembre 2020

Nun komm der Heiden Heiland

En ce deuxième dimanche de l'Avent, nous vous proposons d'écouter J.S. Bach

Nun komm, der Heiden Heiland (Viens, ô Sauveur des païens – BWV 61) est une cantate de jeunesse de JS. Bach, composée à Weimar en 1714 pour le 1er dimanche de l’Avent. Elle se base sur le choral « Viens, ô Sauveur des païens », une adaptation allemande de l’hymne Veni Redemptor Gentium effectuée par M. Luther. La cantate est destinée à des solistes soprano, ténor, basse, un chœur, un orchestre à cordes avec continuo.

 

Le chœur d’entrée se présente comme une ouverture à la française (lent-vif-lent) et cite le célèbre choral. Ce que JS. Bach veut figurer ici, c’est l’entrée triomphale à Jérusalem du roi de gloire, le Messie. Nun komm, der Heiden Heiland est proclamé tour à tour par les 4 voix, comme si le Messie était aperçu aux 4 points cardinaux. Mais c’est sur le texte du 3e vers « afin que s’étonne le monde entier » que Bach développe une fugue vocale virtuose, une façon de mettre en scène le chamboulement cosmique provoqué par l’irruption du Messie.

Dans le récit n°2, le ténor explore son registre grave par de fréquentes lignes descendantes et apporte la lumière jusqu’aux tréfonds de l’humanité.

Après un air de ténor invitant Jésus à s’approcher de son église, le récit n°4 se présente comme une scène très réaliste et crée une rupture tonale : les pizzicati des cordes figurent le Christ frappant à la porte et invitant le croyant à lui ouvrir. A remarquer, des harmonies étranges et tendues, installant un climat très particulier.

L’aria n°5 donne la réponse par la voix de l’âme confiante, la voix de soprano. Sans instrument d’accompagnement si ce n’est le continuo, elle invite les croyants à ouvrir leur cœur. Ici, pas d’irruption spectaculaire comme dans le chœur d’entrée… au contraire, l’on se trouve dans le dépouillement le plus extrême. Dans la deuxième partie de l’air, une longue phrase descendante du violoncelle décrit toute l’énergie mais aussi l’infinie douceur de cette venue de Jésus dans le cœur de l’homme.

Enfin, un tonique Amen choral répond sans transition à ce moment d’effusion. Le Christ, comparé à une « couronne de joie » (Freudenkrone) est réclamé avec impatience. Écoutez les violons qui grimpent, grimpent vers des notes très aigües… un peu comme si Bach avait voulu ouvrir un peu le rideau sur cet au-delà tant désiré…

Un mot clé traverse toute la cantate : « komm », viens… Tantôt l’on annonce que le Sauveur est né, tantôt l’on prie le Sauveur de venir au plus vite. La musique de Bach met en évidence que Noël, c’est toujours à nouveau une attente, la quête d’un nouveau moment de grâce, un jaillissement d’espérance dans une humanité qui désire tant que le miracle se reproduise, année après année…

A écouter, à voir :
J.S. Bach – Cantata BWV 61 « Nun komm der Heiden Heiland »

Concert live en l’église protestante de Trogen (CH)
Maria Cristina Kiehr – soprano
Gerd Türk – ténor
Manuel Walser – basse
Chœur et orchestre de la Fondation JS. Bach
Rudolf Lutz, direction