« Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre rive. Ils quittent la foule et les disciples font partir la barque où Jésus se trouve. Il y a d’autres barques à côté d’eux. Un vent très violent se met à souffler…. Jésus dit à ses disciples : Pourquoi avez-vous peur ? Vous n’avez donc pas de foi ? » Marc 4, 35-40
Il est tellement facile, parfois même lâche, de se désolidariser des réalités dont on fait partie, parce qu’elles ne sont pas roses, parce qu’elles réclament des efforts. Ma famille, mon village, mon Église, mon pays n‘est pas le paradis, mais j’en suis un fragment et je suis prêt·e à m’y engager pour y adoucir le vivre ensemble. Plutôt que critiquer, se plaindre, choisir de faire ensemble : voilà un art qui réclame patience et amour au quotidien.
Au moment où notre Assemblée de l’Union adopte le texte qui définit les caps à tenir pour les dix années à venir, certains soupirent : « À quoi bon tout cela, personne ne sait où on va ».
Souvenons-nous que nous sommes embarqués dans le même monde, qui connait tant de bouleversements, climatique, institutionnel, familial, technologique, spirituel. Souvenons-nous que ces immenses défis, personne ne peut les affronter seul. Nous faisons partie d’une société, d’une Église qui dépasse nos œillères ; notre clocher, notre pays, notre confession.
Et surtout souvenons-nous que Jésus est dans la barque avec nous.
Nous avons pris conscience, lors de la conférence inaugurale du cycle « Église et démocratie » que le discours politique était toujours décalé, nostalgique et rétrograde, par rapport à l’évolution sociétale. Or il nous manque un récit, un récit qui provoquerait l’adhésion, l’envie de faire et construire un autre monde ensemble, un récit qui s’adresse à ce que notre humanité contient d’universel : l’expérience de la joie, de la limite, de la souffrance, de la contrariété, du pardon, de l’amour. Un récit qui nous coudrait les uns aux autres.
Sans cesse nous avons à réparer, recréer le tissu social. Au raz de marée de l’individualisme et de la déliaison, résistons par le sens de l’appartenance commune et l’espérance partagée.
Le récit qui nous lie les uns aux autres, notre Église n’a pas à l’inventer, il nous est donné par Dieu qui fait de nous des sœurs et frères. Ce récit nous avons à le vivre et le transmettre. En étant solidaires. Dieu veut nous mener, à travers les tempêtes et vents mauvais, à la vie en abondance.
Les caps que nous déterminons ensemble sont des phares pour ne pas perdre de vue l’essentiel, dans ce voyage qui nous mène sur l’autre rive, de nos vies, de notre monde, de notre Église en mutation. Les caps sont des outils pour vivre l’Église d’aujourd’hui et de demain. J’espère qu’ils nous seront utiles. Ce ne sont pas nos crispations mais bien le courage, la confiance, la joie dont nous rayonnons qui pourront motiver de nouveaux disciples à rejoindre notre barque. Abandonnons nos raideurs et craintes, Dieu conduit l’Église.
Recevons ce texte d’orientation avec reconnaissance pour toutes les personnes, paroisses et assemblées qui ont contribué à sa genèse.
Oui, Seigneur, nous sommes prêts à ramer, chanter, prier, nous engager au service du vivant dans la barque Église. Augmente en nous la foi !




