27 décembre 2019

Inspiré-e-s par la passion du Christ, pour que toutes et tous trouvent la vie

Message du Nouvel An de la Fédération luthérienne mondiale (FLM)

« Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance »

Jn 10,10

Qu’est-ce qui a pu troubler les disciples au point de chasser des enfants ? Pensant que leur rôle était de protéger Jésus, les disciples ont empêché les enfants de l’approcher (Mt 19,13-14).
Fort heureusement, comme toujours, Jésus est venu au secours de ses disciples : « Laissez-les approcher », leur dit-il, « parce que c’est pour ces enfants que je suis ici. »

Ce n’était pas la première fois que les disciples se trompaient dans leur interprétation des priorités de Jésus. Poussés par un zèle et un engagement incontestable envers Dieu, ils et elles ont souvent risqué de passer à côté du sens même de la mission de Jésus. Un phénomène que nous observons encore de nos jours. Les disciples de Jésus, hier comme aujourd’hui, finissent par se mettre en avant. La mission s’imprègne alors de leur état d’esprit, de leur sens personnel de ce qui est juste et bon, s’écartant souvent de ce qui est juste et bon aux yeux de Dieu.

Jésus lui-même définit sa mission de façon succincte, aidant ses disciples, chacun et chacune d’entre nous, dans nos doutes et confusions : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10).

La vie en abondance. Une vie dans laquelle « justice et paix s’embrassent » (Ps 85,10), parce qu’elles sont inséparables l’une de l’autre. Une vie qui s’épanouit grâce à des relations justes. Entre des personnes différentes venant de toute la diversité de notre famille humaine, et avec la bonne création de Dieu. Une vie qui laisse Dieu être Dieu, et dans laquelle les êtres humains deviennent ce que Dieu veut qu’ils et elles soient : juste humain-e-s. Et donc, qui aiment Dieu de tout leur cœur, de tout leur être, de toute leur force, qui aiment leur prochain et qui prennent soin de la création divine (Dt 6,4-7).

Pensant à l’année qui nous attend, je perçois l’urgence pour les Églises de se concentrer sur ce message de vie en plénitude alors qu’elles participent à la mission de Dieu. Dans une situation marquée par le populisme et les recours croissants à la Bible pour exclure et opprimer les autres ou pour justifier le harcèlement ou la violence contre des minorités, des personnes migrantes, des peuples autochtones et d’autres segments de la société, les Églises sont appelées à continuer d’offrir le message de l’Évangile qui a le Christ pour centre. En ces temps de populisme d’exclusion, le silence n’est jamais une option.

Dans un contexte où la démagogie gagne du terrain, les Églises doivent affiner leur propre discernement spirituel et veiller à témoigner de la présence transformatrice de Dieu dans le monde. Notre vocation est de « promouvoir le Christ » et ses dons à l’humanité.

C’est pourquoi, en vertu de notre appel à être des disciples de Jésus, nous chercherons à défendre la sainteté du Dieu trinitaire en proclamant la bonne nouvelle du salut, en nous mettant au service de nos prochains, en prenant soin de la création et en défendant les droits des personnes exclues et opprimées. C’est en devenant des bergères et des berg-ers, en prenant soin des autres dans une démarche holistique, que nous embrassons et incarnons le mieux la mission de Dieu : devenir une communauté soucieuse de servir qui accomplit la volonté de Dieu pour que personne ne se perde (Lc 15,3-7).

Je suis très reconnaissant du témoignage rendu par les Églises membres de la FLM du monde entier qui mettent en avant cet objectif d’inclusion. J’ai vu la foi répondre par de magnifiques exemples de sollicitude et d’amour à celui qui nous a aimés en premier. Je suis également reconnaissant de ce que les Églises membres de la FLM accomplissent ensemble dans ce monde, faisant preuve d’amour et de compassion par leur présence diaconale commune, le Département d’entraide mondiale de la FLM, les actions en faveur de l’unité et la promotion de la justice de genre et de la justice climatique.

Une nouvelle année s’ouvre à nous par grâce divine. J’invite les Églises membres de la FLM à accueillir cette année nouvelle comme une occasion de témoigner avec enthousiasme, joie et espérance. Je les invite à s’encourager mutuellement et à s’entraider dans leur ministère. Je les invite à œuvrer ensemble pour que le don de la vie que le Christ a révélé et offert soit reçu par tous et toutes.

 

Pasteur Martin Junge
Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale

© Albin Hillert