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L'auteur Christian Albecker

Ancien président de l'UEPAL

Thème de la réflexion : Théologie et Spiritualité

L’espérance malgré tout !

Après ce temps « hors du temps » qu’est la pause estivale, la rentrée marque le retour au temps organisé avec ses « emplois du temps » et ses calendriers, à l’école, à l’université ou dans la paroisse. L’alternance entre temps de travail et de repos est inscrite dans la tradition biblique avec le repos du shabbat qui rappelle symboliquement le repos de Dieu après son œuvre créatrice. Cette alternance est salutaire pour l’équilibre des humains, mais elle l’est tout autant pour l’ensemble de la création : la terre aussi doit se reposer, comme la pratique de la jachère y invitait l’agriculture traditionnelle. Si le mois de septembre est désormais consacré au « temps de la création » par la communauté œcuménique internationale, c’est bien sûr parce que c’est la saison des récoltes et des vendanges, mais aussi pour nous rappeler, au moment où nos activités reprennent à un rythme quelquefois effréné, que la nature surexploitée a besoin de repos pour se régénérer.

Ce mois de septembre est malheureusement aussi endeuillé par le terrible tremblement de terre au Maroc. Il est regrettable que ce drame humanitaire réveille des tensions politiques, à un moment où la solidarité avec les victimes devrait transcender les frontières nationales ou religieuses. Nous ne pouvons qu’être solidaires, en tant que chrétiens, avec tout être humain qui souffre, dans lequel nous reconnaissons le visage du Christ. Nous sommes donc invités à porter le Maroc et les populations éprouvées par la catastrophe dans la prière. Notre aide financière pourra marquer notre solidarité via la plateforme Solidarité Protestante et l’Église évangélique du Maroc, notre relais sur le terrain.

Durant l’été, notre région a elle aussi été marquée par un drame à La Forge-Wintzenheim, avec son bilan de 11 victimes. Cela ne se compare pas avec les milliers de morts du Maroc, mais le fait que les victimes étaient des personnes en situation de handicap nous interpelle profondément. Peut-être sommes-nous de celles et ceux qui déplorent l’excès de normes, de contrôles de sécurité et de contraintes administratives qui étouffent quelquefois la vie et les initiatives. Nous savons dans nos milieux d’Église combien de centres de vacances ou de rencontre ont disparu par leur incapacité à assumer les coûts considérables de mise aux normes. Le drame de Wintzenheim nous rappelle le bien-fondé de ces normes et leur absolue nécessité, surtout lorsqu’il s’agit de l’accueil de personnes vulnérables, enfants, personnes âgées ou en situation de handicap. Aucune négligence n’est excusable, aucune responsabilité ne saurait être éludée. Pour autant, de tels drames nous rappellent notre propre vulnérabilité : quelles que soient nos dispositions à les éviter et la multiplication des normes de sécurité, la faillibilité humaine ou le déchaînement de la nature ne nous seront jamais complètement épargnés. Invitation à l’humilité et à la confiance en Dieu, lorsque nous avons fait le nécessaire et l’indispensable.

Au moment où j’écris, nous sommes 7 français (4 représentants de l’UEPAL et 3 de l’Église protestante unie de France) présents à Cracovie en Pologne pour la 13e assemblée de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM). 320 délégués des quatre coins de la planète et plus de 500 invités œcuméniques, observateurs et conseillers, travaillent durant une semaine sur le thème « Un seul corps, un seul esprit, une seule espérance ». Ce thème de l’unité vise évidemment l’Église, mais aussi le monde et la création entière, déchirés par la violence envers les plus vulnérables, les guerres, les nationalismes et la polarisation, en un temps où la planète porte les stigmates de plus en plus évidents du dérèglement climatique et des ravages de la surexploitation. En raison du lieu choisi pour l’Assemblée, une visite d’Auschwitz était incontournable. Ce lieu de l’indicible nous invite à ouvrir davantage encore les yeux sur les drames d’aujourd’hui : dans son message adressé à l’Assemblée, le directeur du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) indiquait que désormais ce sont plus de 100 millions de personnes qui sont jetées sur les routes de l’exil, un chiffre jamais atteint dans l’histoire de l’humanité. La FLM en accompagne plus de 3 millions à travers son « World Service » qui travaille en lien étroit avec le HCR. C’est une part modeste du total, mais un immense travail qui constitue un témoignage diaconal d’espérance. L’espérance sera à n’en pas douter au centre du message de la FLM : les drames humanitaires et la crise climatique ne sont pas des fatalités : à cause de l’espérance ouverte par la résurrection du Christ, nous pouvons, nous devons agir !

 

« Or, l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. »

Romain 5,5

© Antonio Poveda Montes / Unsplash

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