17 mai 2023

Retour sur l’Assemblée générale de la CERR

Tout commence avec la rencontre

L’Assemblée générale de la Conférence des Églises riveraines du Rhin a eu lieu le 7 et 8 mai à Strasbourg. Chaque année, celle-ci se tient dans un lieu différent afin de permettre aux 14 Églises membres de Suisse, du Liechtenstein, du Luxembourg, d’Autriche, de France et d’Allemagne de faire l’expérience, au-delà de leur propre « clocher », de ce que cela signifie d’être une Église protestante.

« La paix pour l’amour de Dieu »

L’événement a débuté par une table ronde au château de Pourtalès. La question centrale était de savoir dans quelle mesure la guerre en Ukraine place notre monde devant des défis entièrement nouveaux, non seulement sur le plan géopolitique, mais aussi dans quelle mesure les Églises doivent également repenser leurs positions. Ellen Ueberschär, secrétaire générale de longue date du Deutscher Ev. Kirchentag, a clairement plaidé pour un Occident qui doit s’opposer à la dictature russe et savoir jusqu’où le dialogue peut aller. Cette position a été soutenue par Michael Gahler, rapporteur du Parlement européen sur l’Ukraine. Celui-ci s’est clairement prononcé en faveur de la livraison d’armes par l’Occident et a réaffirmé son discours au Parlement : « Et nous devons approvisionner l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra pour que l’Ukraine gagne ».

Une position partagée par la députée française et ancienne maire de Strasbourg Fabienne Keller, qui a toutefois précisé qu’il était aussi question de ne pas négliger le lien avec la population russe.

Karen Hinrichs, directrice du Friedensinstituts an der Ev. Hochschule de Fribourg, semblait être en position minoritaire. Pour elle, la priorité était le dialogue, et il convenait de soutenir le mouvement pacifiste en Russie. Cela a suscité une opposition de la part des autres participantes à la discussion et a clairement montré que ce débat méritait d’être poursuivi et ne devait pas conduire à des positions extrémistes.

Table-ronde - Ellen Ueberschär, Michael Gahler, Sören Lenz, Fabienne Keller, Karen Hinrichs

La soirée a ensuite été placée sous le signe du 50e anniversaire de la Concorde de Leuenberg.

André Birmelé, l’un des principaux théologiens des entretiens doctrinaux qui ont suivi la Concorde de Leuenberg, a parlé « de son métier ».

Une soirée divertissante et pourtant théologiquement profonde sur les difficultés à faire de la communauté d’Églises protestantes en Europe une réalité. Les huit assemblées générales de la Communion d’Églises protestantes en Europe ont fourni suffisamment d’éléments pour se questionner sur la façon dont la communion est comprise et comment on veut la voir se réaliser. En particulier lorsqu’on a l’occasion de voir l’envers du décor avec André Birmelé. Le protestantisme se nourrit lui aussi de sa diversité, même si celle-ci n’est pas sans poser de problèmes.

La soirée a été encadrée musicalement par Isabelle, une jeune auteure-compositeure alsacienne qui, avec son partenaire Thomas, ont su merveilleusement jeter un pont entre les différentes cultures d’outre-Rhin.

Retour sur l’émouvante célébration du 8 mai à la Chapelle de la Rencontre

Le culte festif à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la guerre en 1945 a été le point culminant de cette AG de deux jours.

Un grand cercle s’était formé : l’évêque du Land et le président de l’Église ; une pasteure française à côté de jeunes Allemands ; un retraité de Kehl et une jeune étudiante en théologie ; une société bigarrée unie par le pain et le vin.  La première Cène à la Chapelle de la Rencontre, signe de la communion des protestants et protestantes d’Europe.

« Tout commence avec la rencontre ». Voilà comment a débuté l’émouvante prédication de Rita Famos, présidente de l’Église évangélique-réformée de suisse. Elle a habilement relié la Concorde de Leuenberg et l’histoire de la Réforme à l’actualité du jour : « Il est facile de parler des querelles de la Réforme en termes d’histoire de l’Église. Il est tout aussi facile de prêcher sur le message biblique de paix ». Néanmoins, à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la guerre en 1945 et de la guerre sanglante actuelle en Ukraine, elle a maintenu : « Les Églises issues de la Réforme ont une compétence en matière de paix, parce qu’elles savent par leur propre pratique combien la discorde est facile et combien elle est souvent défendue avec insistance ». Le message de paix de la Bible est pour nous à la fois un défi et un espoir, car nous avons besoin du message de paix biblique parce que les conditions terrestres ne nous donnent pas d’espoir. Une prédication émouvante qui a mis en lumière le dilemme dans lequel se trouve l’Europe d’aujourd’hui.

Il ne s’agit pas de notes morales, mais de rencontres, car les relations peuvent être détruites par la morale, mais les rencontres courageuses défient la morale. Voilà comment Rita Famos a encouragé les rencontres au-delà des frontières.

 

 

Première Sainte-Cène célébrée à la Chapelle de la Rencontre

Perspectives

De nouvelles tâches attendent la Conférence des Églises riveraines du Rhin. Il s’agit avant tout de créer un bureau des Églises protestantes d’Europe en charge de la relation avec le Conseil de l’Europe. Ce bureau sera sous la responsabilité de la Conférence des Églises riveraines du Rhin. Les premiers pas ont été faits et cela permettra peut-être aux Églises protestantes de contribuer à des rencontres en Europe.