28 mars 2020

28 mars 2020 : un jour…

En cette période de confinement, retrouvez chaque jour, une prière, une musique... Un moment de foi à vivre tout en restant chez soi.

une prière…

En cette période, où nous devons rester à la maison et donc loin physiquement les uns des autres, nous vous proposons de rester unis symboliquement avec une prière chaque jour.

Proposée par Sophie Herrlé, pasteure à Lembach et Sophie Letsch, pasteure dans les Hauts de Bruche

Qui suis-je ? Souvent, ils me disent
Que de ma cellule je sors
Détendu, ferme et serein,
Tel un gentilhomme de son château.

 

Qui suis-je ? Souvent ils me disent
Qu’avec mes gardiens je parle
Aussi librement, amicalement et franchement
Que si j’avais à leur donner des ordres.

 

Qui suis-je ? De même ils me disent
Que je supporte les jours de l’épreuve,
Impassible, souriant et fier,
Ainsi qu’un homme accoutumé à vaincre.

 

Suis-je vraiment celui qu’ils disent ?
Ou seulement cet homme que moi seul connais,
Inquiet, malade de nostalgie, pareil à un oiseau en cage,
Cherchant mon souffle comme si on m’étranglait,
Avide de couleurs, de fleurs, de chants d’oiseaux,
Assoiffé d’une bonne parole et d’une espérance humaine,
Tremblant de colère au spectacle de l’arbitraire
et de l’offense la plus mesquine,
Agité par l’attente de grandes choses,
Craignant et ne pouvant rien faire
pour des amis infiniment lointains,
Si las, si vide que je ne puis prier, penser, créer,
N’en pouvant plus et prêt à l’abandon.

 

Qui suis-je ? Celui-là ou celui-ci ?
Aujourd’hui et homme et demain cet autre ?
Suis-je les deux à la fois ?
Un hypocrite devant les hommes
Et devant moi un faible, méprisable et piteux ?

 

Ou bien ce qui est encore en moi
ressemble-t-il à l’armée vaincue
Qui se retire en désordre
devant la victoire déjà remportée ?

 

Qui suis-je ? Dérision que ce monologue !
Qui que je sois, Tu me connais :
Tu sais que je suis tien, ô Dieu !

Prière du pasteur Dietrich Bonhoeffer, écrite en 1944 dans la prison de Tegel.

Il ne faut surtout pas faire d’anachronisme, mais cette prière me dit 3 choses :

  • Bonhoeffer reconnaît humblement qu’il peut y avoir un décalage entre son personnage « extérieur » qu’il tient à incarner jusqu’au bout pour soutenir le courage de ses co-détenus, et son personnage « intérieur », qui connaît le doute. Invitation à nous accepter tels que nous sommes.
  • Cette prière m’invite à remettre notre situation dans sa vraie dimension : elle est très difficile, mais elle permet à la solidarité et à la bonté humaine de s’exprimer, alors qu’en 1944, c’était la face la plus hideuse de l’humanité qui se déchaînait.
  • Bonhoeffer termine avec un acte de confiance en Dieu, qui l’a accompagnée jusqu’à sa pendaison le 8 avril 1945.

Christian Albecker

une musique…

Lorsque les mauvaises nouvelles ont tendance à pleuvoir, lorsque l’inquiétude grandit, un moment de musique peut aider à se poser pour mieux faire face. Des musiques très différentes les unes des autres sont proposées, jour après jour, accompagnées d’un bref commentaire.

Bonne écoute !

Proposé par le service musique de l’UEPAL

 

JS. Bach : Passion selon St Jean BWV 245 – choral n°3 – O grosse Lieb’

« Ô grand amour, ​
ô amour sans mesure​
qui t’a mené ​en cette voie de tourments !​
Je vivais dans le monde ​
de la joie et des plaisirs,​
Et toi, tu dois souffrir ! »

Ce premier choral de la Passion selon St Jean est placé juste après l’épisode de l’arrestation de Jésus au jardin de Gethsémané, au moment où il est séparé de ses disciples. Le choral exprime la réaction de la communauté croyante au récit entendu. Le premier vers marque un arrêt sur le mot « Lieb », amour : comme un geste d’ébahissement devant la démesure de l’amour que Dieu témoigne aux hommes. La courte pièce se termine sur le mot « leiden », souffrir, et conclut sur un accord parfait majeur. « Lieb und Leiden », amour et souffrance : les deux termes résument à eux seuls la Passion du Christ qui a tout accompli en mourant sur la croix.

À écouter, à voir : J.S. Bach – Johannespassion: 3. Choral „O große Lieb“ | WDR

« Voici ce qu’est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et qui nous a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés. » 1 Jean 4,10

un cantique…

Recueil « Alleluia », 33/11 Pour quel péché, Jésus

Avec accompagnement

 

 

© frank mckenna / Unsplash